top of page

1. Des "experts" qui alertent 

Michel Berger, psychiatre spécialisé dans la question de la petite enfance, fait partie des « experts » qui s’insurgent contre la mise en œuvre de l’éducation à la sexualité dans les écoles. C’est notamment sur ses propos que s’appuient l’argumentaire de certains parents révoltés.

Dans la vidéo que nous vous partageons (en ligne sur son propre site), Michel Berger « lance l’alerte » vis-à-vis de l’éducation à la sexualité dans les écoles, et du danger qu’elle représenterait pour le développement psychique et affectif des enfants.

Il débute son argumentaire ainsi : « Je suis médecin. J’ai été chef de service en pédopsychiatrie pendant trente-cinq ans, professeur associé de psychologie de l’enfant, et je parle aujourd’hui au nom d’un groupe de professionnels de l’enfance lanceurs d’alerte très inquiets de ce qui attend les enfants et les adolescents si nous ne nous mobilisons pas. ».

A travers cette présentation, M. Berger use fortement de l’argument d’autorité. En insistant sur son métier, sur ses fonctions, sur l’ancienneté de ses fonctions et sur son appartenance à un groupe de « professionnels », il se pose en figure légitime pour lancer une alerte et même pour demander à son auditoire de se mobiliser. Dans les phrases qui suivent, il se défend d’être religieux, revendique son athéisme et le fait d’avoir pratiqué des avortements bénévolement avant la loi Veil. En faisant cela, il donne l’impression que son argumentaire n’est aucunement relié aux questions des valeurs ou de la morale. Autrement dit, il tente d’introduire son argumentaire en lui conférant une apparence purement scientifique : Il se présente comme un scientifique, qui n’est influencé par aucune sorte de valeurs morales, et dont le propos se fonde uniquement sur des faits scientifiques.

 

Il poursuit d'ailleurs ainsi : « Venons-en aux faits : savez-vous que l’éducation sexuelle dont nous allons parler, est prévus dès la maternelle par le ministère de l’éducation nationale … ».

C’est donc avec cette figure d’autorité et cette légitimité que M. Berger propose d’en « venir aux faits », et donc de nous dire la vérité, de facto, en commençant par diffuser une fausse information … Vous l’avez lu et relu, les programmes de l’Education Nationale ne prévoient pas de séance d’éducation à la sexualité avant le CP. Le pédopsychiatre poursuit ses accusations, en se basant tantôt sur des évènements anecdotiques, tantôt sur des documents francophones provenant de pays étrangers, tantôt sur des inventions, comme lorsqu’il affirme que des recommandations issues de documents du parlement européens sont obligatoirement appliquées en France. En clair, M. Berger accuse l’Education Nationale de faits dont elle n’est pas à l’origine, et ne se base jamais sur les textes officiels du Ministère pour étayer son propos.  

Il va jusqu’à parler d’un changement de paradigme, dans lequel l’adulte aborderait désormais avec l’enfant la sexualité comme un « épanouissement personnel », et il l’assure, cela constitue « grave danger pour le développement psychique et affectif des enfants ». Il décrit les séances d’éducation à la sexualité comme une potentielle « intrusion traumatique dans le rythme affectif des enfants ».

​

Si nous reprenons, M. Berger se positionne comme une figure savante, dont le propos est scientifique, dénué de moralité ou de valeurs, et son message consiste à « alerter » sur le « grave danger » que constituent les séances d’éducations à la sexualité pour le « développement » des enfants. Il va beaucoup plus loin, en finissant par insinuer que l’éducation à la sexualité compterait parmi ses finalités celle de permettre aux adultes d’avoir des relations librement consenties avec des enfants, qu’on considérerait – dès lors qu’ils auraient reçu une éducation à la sexualité - conscients et responsables de leurs actes. Face à de telles accusations, nous nous trouvons forcément dans le registre de l’émotion. Les propos de M. Berger, en réalité vide de toute donnée scientifique, font peur à l’auditeur, et aux parents qui l’écoutent. Nous avons bien à faire ici à un médecin qui dit à des parents que leurs enfants sont en danger, manipulés par des adultes à des fins perverses. M. Berger, après avoir usé de l’argument d’autorité, utilise tout au long de son discours, l'argument d’émotion, en suscitant peurs et angoisses chez son auditoire. L’argument scientifique n’est finalement pas mobilisé. Malgré son appartenance à un « groupe de professionnels lanceurs d’alerte », il ne se réfère explicitement à aucune étude scientifique, et son propos se base sur de nombreuses informations erronées ou déformées …

En résumé, M. Berger est un expert qui alerte son auditoire sur un danger qu’il désigne comme gravissime mais qu’il n’explique pas, et qu’il décrit en se basant sur des faits erronés.

bottom of page